2050

Le temps de l’avènement cosmique

La décennie 2050 jusque 2060 commence à priori comme une parfaite prolongation de celle précédente.

À noter que le réchauffement climatique continue sur sa lancée à la fois en accélérant, mais en étant à croissance linéaire. En effet, en 2050, le réchauffement (et ses conséquences) tue environ 175 millions de personnes, et chaque année, il va en tuer environ 6 à 7 de plus.

Mais la population diminue. Le pourcentage est donc de plus en plus grand. D’ailleurs, presque à pas constant, la Terre va perdre net de l’ordre de 330 millions de personnes par an, du fait de l’effondrement des naissances couplé à la fin de l'ère sismique.

En 2057, il n’y a plus que 15 millions de naissances. Et la population est alors un peu moins de 1,9 milliards. Elle est composée en grande majorité de personnes entre 20 et 50 ans. Les plus jeunes n’ont souvent pas survécu, faute d'alimentation et de soins, et du fait de la détérioration climatique. Quant aux plus âgés, pour les mêmes raisons, ils sont tous décédés, les derniers à tenir à l’âge de 65/70 ans sont décédés au début des années 2050.

Mais en réalité, ce n’est finalement plus vraiment cela l’important. À ce stade et à ce rythme, on sait que l’emballement climatique tuera l’immense majorité des 2 milliards restants par vague de 330 millions chaque année. On sait désormais que 2065 est en gros la date butoir.

Dans cette décennie, les deux choses les plus absolument dingues vont se produire exactement à la même date, un 11 novembre. A exactement 1 an d’intervalle.

Le premier est qu’il existe un voyageur cosmique, d’une taille absolument gigantesque (environ 600 km de long, 100 de large et 200 de profondeur) qui doit frôler Jupiter, puis Mars, puis Vénus puis la Terre. Heureusement, qu’il doit frôler la terre d’ailleurs car sa taille est tellement grande et sa vitesse (90 km/s) tellement énorme que s’il devait impacter la Terre, ce serait environ 1 000 000 de fois plus violent qu’il y a 66 millions d’années, lorsque l’impacteur de l’époque avait déjà réussi l’exploit d’éteindre presque toute vie terrestre et avait signé la fin des dinosaures. Rien que ça. !

Il y a quelques années, le centre orbital de télécommunication mondial avait gardé en fonctionnement, grâce notamment à l’apport énergétique des STEP2 avoisinantes, un radar satellite qui pouvait détecter ces grands géocroiseurs. Vestige des derniers lancements vers 2038, ils fonctionnaient encore correctement 15 ans après. Entretenus par des ingénieurs passionnés qui n’avaient que cela à faire après avoir trouvé à manger, ils faisaient les calculs nécessaires pour orienter les paraboles, modifier les orbites et faciliter les communications au travers des continents.

L’intérêt de ce géocroiseur gigantesque est que sa trajectoire étant connue, il était facile après une réparation de parabole de pointer vers lui et de vérifier le bon fonctionnement de la parabole. Et cela fonctionnait tout le temps. Jusqu’au 21 mars 2053. Le géocroiseur qui devait frôler Mars n’était pas à sa place comme prévu : très clairement une légère déviation avait eu lieu. Sans affolement pour autant, ce qu’il restait de la communauté scientifique se mit au travail, fit les calculs et découvrit qu’en fait, sa trajectoire avait à la fois peu changé mais le géocroiseur s’était mis à tourner sur lui-même. Concrètement, cela signifiait qu’un corps à ce jour non repéré, avait tapé le géocroiseur avec beaucoup de violence, plutôt vers l’arrière.

Les calculs qui s'ensuivirent furent compliqués. En effet, avec une rotation autour de son centre de gravité et un passage à moins de 300 km de la surface de Mars, alors que la plus grande dimension (la grande diagonale) de ℵ0 fait de l’ordre de 800 km, tout peut arriver. De toute façon, la réponse arriverait au maximum le 11 septembre 2054, jour du grand frôlement.

Effectivement, ce jour-là, la communauté eut le résultat : le géocroiseur frôla tellement Mars qu’il se cassa en plusieurs morceaux. Les différentes trajectoires des gros morceaux étaient plutôt bonnes mais l’un était en réalité inquiétant car filant vers Vénus, un retour vers la Terre par catapulte gravitationnelle n’était pas impossible.

Un morceau de la taille de plusieurs dizaines de kilomètres allait filer droit sur la Terre, avec un impact début 2062. La taille était telle qu’il était inutile de se demander quoi faire. Ça allait être en gros bien pire qu’il y a 66 millions d’années et la fin des dinosaures. Ainsi donc, l’extinction en cours autour de 2085 allait s’achever en réalité en février 2062. Le 21, vers 17, heure de NYC, 23h heure de Paris.

La Mort avait un nom : Haribu - ℵ0-2061-11, avec pour simple diminutif : ℵ0. La mort avait par ailleurs des caractéristiques : 113 km de diamètre, une vitesse de 23,7 km/s au moment de l’impact et une énergie à dégager proche de 71.1024 Joules.

La mort avait un petit frère, qui viendrait par ailleurs 1 an plus tard : 1-Sai-no-otōto 2062-11 (1歳の弟). Découvert par les Japonais.

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